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Qui a peur du grand méchant jeu vidéo ?

Bowser feux opt 1Dans notre société contemporaine, les écrans et avec eux les différents médias, dont les jeux vidéos font partie, prennent de plus en plus de place dans nos vies de tous les jours. Il n'est plus rare de voir les enfants y passer de nombreuses heures. C'est pourquoi de nombreuses personnes s'interrogent, à juste titre, de leurs effets sur le cerveau humain et les comportements qui peuvent en découler. Ces questions reposent malheureusement aussi souvent sur des préjugés, fréquemment véhiculés par les journalistes, qui ne croisent à aucun moment la réalité des faits. Nous ouvrons donc ce billet afin que vous puissiez y voir plus clair et vous sentir plus tranquillisé quant à leur utilisation au quotidien. Et pour que vous sachiez également quand il devient impératif d'avoir recours à un psychologue (de préférence, familiarisé avec ce domaine).

Dans cette optique, nous avons découpé cet article en 5 parties, de manière à ce que la lecture soit claire et concise.

 

Les jeux vidéo, faut-il en avoir peur ?

Lorsqu’il s’agit de jeux vidéo, se manifestent souvent de vives critiques, fréquemment de nature négative, exposées par des personnes ne connaissant que très peu ce domaine, souvent aussi par des parents inquiets, et fortement appuyées sur la vision très orientée de certains médias, qui apprécient faire du jeu vidéo un élément criminalisable, soit le bouc émissaire idéal. La généralisation, c’est aussi une manière de se rassurer face à quelque chose que l’on ne connait pas ou que l’on ne comprend pas. À ce titre, le jeu vidéo subit le même type de critiques (« effet violent », « débilitant » ou « abrutissant ») pouvant engendrer certaines images dégradantes, ayant longuement affecté la télévision dans les années 60 jusqu’aux années 90.13978899 1


Aussi, il est important de prendre conscience du fait que le jeu vidéo est aujourd’hui considéré en tant qu’Art, à part entière et à juste titre, étant donné le travail extrêmement impressionnant qui a lieu en arrière-plan, tant par des développeurs que des scénaristes, graphistes, historiens, etc. Tout un pan de la population qui s’investit sur ce domaine et ouvre ainsi la porte à de nombreuses passions. Car oui, le jeu vidéo peut être passion et pas nécessairement addiction. Tout comme peut l’être ce prestigieux instrument qu’est le Piano pour d’autres. De même, un bon jeu vidéo peut tout à fait être comparable à un fabuleux livre dont le contenu s’avère luxuriant et pour lequel on prend un rôle plus actif.


Il ne faut donc bien sûr pas craindre l’utilisation des jeux vidéo ni pour soi, ni pour ses enfants et il est plutôt recommandé de se familiariser avec et d’apprendre à l’utiliser dans de bonnes conditions afin de détecter des comportements plus pathologiques, nécessitant notamment le recours à un psychologue.  

Le jeu vidéo est-il dangereux en tant qu’adulte ou pour nos enfants ?

Nous répondrons sans équivoque : Non ! Du moins, tant que son utilisation est mesurée, il devient au contraire un parfait instrument pour s’approprier de multiples compétences. Qu’entendons-nous par « mesuré » ? Il s’agit avant tout, en particulier chez les enfants, de limiter les séquences de jeux en durée à la fois sur la journée et par de petites pauses fréquentes. En effet, comme le jeu vidéo peut nécessiter beaucoup de concentration et se joue par l’intermédiaire d’un écran, cela fatigue énormément. Aussi, tout comme pour la télévision, une exposition prolongée augmente les risques de survenue de crises épileptiques, même chez des sujets non photosensibles (une étude a été menée par le CNRS à ce titre).

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Le jeu vidéo est avant tout un outil et comme tout outil, pour qu’il devienne bénéfique ou néfaste, tout dépend de l’usage que vous en ferez. Ce qui est tout aussi valable pour vos lectures. Aussi, à titre d’exemple : un jeu d’action, pour lequel certaines personnes pourront âprement dénoncer la violence, pourra s’avérer tout à fait exutoire pour la personne, parfois soumise à de nombreuses pressions (scolaires ou personnelles) qui y jouera de temps en temps. La violence ne sera qu’un décor posé, pas nécessairement plus agressif que ce que l’on voit tous les jours à la télévisons, et qui ne sera en réalité par pris en considération par le joueur, qui ne sera en tout cas pas valorisé. Néanmoins, passer ses journées sur un tel jeu avec une fascination, toute particulière, axée sur le caractère violent intrinsèque au jeu, donnant lieu à un impact dans la réalité et à un comportement addictif, pourra alors donner lieu à une certaine inquiétude cohérente et justifier le début d’une psychothérapie.


Il est aussi important d’être responsables en tant que parents et de ne pas céder à trop de facilité avec des enfants. A notre époque, il devient facile de mettre des tablettes (contenant divers jeux vidéo) entre les mains des enfants afin qu’ils se tiennent tranquilles et de ne pas avoir à s’en occuper, mais il est toutefois important que les enfants grandissent dans un certain équilibre (dont pourront faire partie les jeux vidéo) et leur faire découvrir d’autres jouets permettant de faire vivre l’imagination leur sera aussi nécessaire, car le jeu vidéo à ces âges fait surtout appel à la notion d’immédiateté, ce qui reste insuffisant pour son bon développement. 
 

Le jeu vidéo, passion ou addiction ?

Votre enfant ou votre conjoint passe ses journées à jouer à des jeux vidéo, s’agit-il d’une addiction ? Encore une fois, il convient de se questionner sur le motif pour lequel il le fait : par plaisir, par obligation ou pour fuir quelque chose (en tant que refuge) ? De même, lorsque vous partez quelques heures ou quelques jours, est-il capable profiter de son expérience et de vivre sans jouer ? Ces deux questions permettront de nous aiguiller et savoir si effectivement il s’agit d’une passion (saine) ou d’une addiction (effets négatifs dans le quotidien). 


Jeux video optIl est aussi important de comprendre que le jeu vidéo peut, dans certaines situations, revêtir un rôle de « bouée de sauvetage » pour beaucoup d’enfants qui fuient une réalité difficile à l’école (harcèlement de camarades, mauvaise estime de Soi, prise dans une spirale d’échecs…) et peut les maintenir face à un sentiment de rejet des autres, de dépréciation ou encore parfois face à la dépression. Surtout lorsque ces enfants ne peuvent parler de leur mal-être à personne ou n’être compris par personne de leur entourage. Le jeu vidéo peut aussi prendre la forme d’un liant, qui permet de partager avec d’autres ce même sujet et ainsi promouvoir les échanges sociaux entre pairs (le jeu vidéo devient alors un média communicationnel). C’est pourquoi il ne faut jamais considérer le jeu vidéo négativement, car vous ne ferez que leur renvoyer une image négative d’eux-mêmes qu’ils incorporeront et produirez un décalage entre vous et eux. Si vous suspectez un mal-être chez votre enfant et qu’il ne parvient pas à vous en parler, il est absolument impératif de consulter un psychologue et d’entreprendre une psychothérapie afin de comprendre ce qui se passe, mais ne faites jamais du jeu vidéo le bouc émissaire.  Ce n’est jamais lui qui crée le malaise.


En raison de cette image dépréciée véhiculée socialement, beaucoup d’enfants n’osent pas parler d’eux et de leur passion (du jeu vidéo) de crainte d’être mal perçus par leurs entourages. Ce qui reste certes moins valable aujourd’hui qu’hier du fait de sa plus grande acceptation aujourd’hui. Il peut alors s’ensuivre un sentiment de solitude et de marginalisation de l’individu. Il est impératif de ne plus stigmatiser le jeu vidéo.
 

Le jeu vidéo, prodigieux outil de développement pour le cerveau

Il convient donc de ne pas bannir le jeu vidéo, bien au contraire. De nombreuses études ont démontré leur intérêt, et ce, à de nombreux niveaux.


Le jeu vidéo peut ainsi représenter un magnifique support d’apprentissage : de nombreuses personnes acquièrent plus de connaissances en langues vivantes par leur intermédiaire que par leurs années d’études. De même, de nombreux jeux bénéficient de contenus historiques luxuriants, ce qui leur permet d’être pédagogiques et parfaitement divertissants à la fois. Ce qui en fait d’excellents compléments à l’école. Cet aspect pédagogique est d’ailleurs de plus en plus mis en lumière et des programmes de tests sont actuellement en cours afin de remplacer les cahiers des élèves par des tablettes tactiles, par exemple.


D’un point de vue clinique, les jeux vidéo au côté des psychologues sont utilisés afin de combattre certaines pathologies. Ils permettent ainsi de produire une exposition à des situations anxiogènes afin de mieux pouvoir les appréhender. C’est pourquoi ils représentent un excellent moyen pour lutter contre des phobies diverses telles que la peur des serpents ou encore la peur de l’avion, par exemple. D’autres domaines sont à l’étude actuellement.Cerveau 2 opt


Aussi, nous vivons et grandissons dans un environnement, chacun a un effet sur l’autre et le cerveau humain, du fait de sa plasticité, c’est-à-dire de sa capacité à s’adapter, se trouve en perpétuelle évolution. C’est pourquoi le jeu vidéo exerce certains effets venant modifier sa structure afin de l’améliorer ou d’offrir des bénéfices dans son développement, tout comme le fait par exemple ce noble instrument qu’est le Piano en offrant une meilleure flexibilité du cerveau grâce à l’amélioration des connexions dans le corps calleux, qui relie les deux hémisphères du cerveau, ce qui offre de meilleures capacités d’apprentissage (étude parue en janvier 2013 dans le journal des neurosciences). Pour les jeux vidéo, les effets stimulants varient en fonction du type de jeu et impactent positivement tout un ensemble de capacités visuelles attentionnelles (plus de rapidité, moins de fatigue). Ils peuvent ainsi améliorer la coordination visuo-motrice, l’attention visuelle sélective, le traitement perceptif, ainsi que certaines composantes de la cognition spatiale, comme la rotation mentale. Plusieurs recherches ont également montré qu’ils pouvaient améliorer les réflexes et conduire à l’élaboration d’une meilleure stratégie face à la résolution d’un problème (stratégie analogique, plutôt qu’une résolution par essais-erreurs). Et beaucoup de choses restent encore à découvrir…
 

Jeux vidéo : quand consulter un psychologue et se lancer dans une psychothérapie ?

Internet addiction2 1 optS’il s’agit de votre enfant, demandez-lui toujours comment il perçoit son activité. Ses réponses pourront orienter l’impression que vous vous en faites et si vous percevez une souffrance sous-jacente ou vous pensez qu’il s’agit d’une addiction (incapacité à se sortir des jeux vidéo, ce qui a en outre des conséquences néfastes dans son quotidien), c’est alors le moment de venir consulter un psychologue. Le jeu vidéo, comme d’autres médias, peut aussi représenter le signal d’une perturbation externe (école, trouble comportemental…) qui n’y est pas directement rattaché, mais nécessite néanmoins de venir consulter.


S’il s’agit de vous, si vous vous posez cette question, c’est donc que la ligne est déjà probablement franchie et que vous avez donc développé une addiction dont vous ressentez déjà les effets négatifs. Il est alors temps de passer la porte du cabinet, au côté d’un psychologue spécialisé en jeux vidéo, pour comprendre ce qu’il se passe et récupérer un train de vie plus équilibré !
 

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